Dame Oclès est l’incarnation séduisante de la mort. Elle « m’est apparue » lorsque mon pronostic vital était (mal) engagé. Dans l’Extraordinarium, nous découvrirons les origines de la bête. Pourquoi et comment elle est devenue la faucheuse en personne ainsi que l’intrication de son parcours avec celui de Giant Jack…
Si vous nous rejoignez en coulisses, vous pouvez retrouver les 4 parties du grand entretien de Giant Jack en intégralité ici. Belle rencontre !
Nous nous attendions à un rendez-vous dans un manoir pointu des toitures, avec un cimetière en guise de jardin. Nous nous attentions aussi à trouver sur les étagères de sa bibliothèque de vieux grimoires de magie noire, quelques recueils de poèmes satanistes et un exemplaire signé de Mein Kampf.
Nous nous attentions encore à ce qu’elle nous reçoive alanguie dans un cercueil en bois d’ébène, drapée d’une robe noire plus-que-moulante. Elle porterait son rouge à lèvres couleur sang, assorti à ses ongles, et sa paire de chaussures à très haut talons impeccablement vernis.
Dame Oclès fumerait de fines cigarettes de type vogue et recracherait la fumée par le nez, tel le dragon qu’elle a toujours été.
J’entendais déjà le tintement de sa quincaillerie portative, bracelets et boucles d’oreilles. Exactement le même son que lorsqu’on entre dans une boutique ésotérique vendant oracles, boules de cristal, jeux de cartes érotiques, CBD et guides pratiques de sorcellerie pour débutants. Ne manquerait plus que l’encens, mais ce n’était pas trop son truc.
Aussi, nous étions très surpris de la retrouver attablée à la terrasse d’un petit café brunch du 3e arrondissement de Paris.
Chignon haut légèrement desserré, legging et baskets roses, débardeur et veste de survêtement, pas de maquillage, quelques cheveux blancs, aucun bijoux.
Dame Oclès pompait nerveusement la tétine d’une cigarette électronique. Elle qui aimait tant le champagne de la marque Veuve Coquelicot servi en piscine, buvait du thé blanc detox bio.
- Bonjour, cher survivant !
Elle me tendit sa main aux longs doigts élégants aux ongles rongés et tenta de me déstabiliser en fixant l’intérieur de mes pupilles. Mais sans son armée de faux-cils chauve-souris et coups de crayons eye-liner, elle me faisait beaucoup moins d’effet.
- Chère Dame Oclès…
- Dame Oclès… Ah ah ah !
Son rire sonnait toujours comme un coassement.
- Plus personne ne m’appelle plus comme ça depuis bien longtemps, Dieu soit loué…
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