Giant Jack : le grand entretien partie 2

- Mais la communauté, sans parler du communautarisme, c’est revigorant pour les idées, non ? 

- Bien sûr ! Vivre en auto-religion ne veut pas dire se recroqueviller ! Au contraire, sinon… grand est le risque de devenir un intégriste de soi-même. 

- Ce qui reviendrait à prendre le melon, si vous me passez l’expression.

- Tout à fait… et de toutes façons, je ne suis pas un arbre fruitier ah ! 
Deuxième secousse de tsunami invisible, plus courte, comme l’hyper ponctuelle ponctuation de son flot de pensée. 

- Et comment faites-vous alors, pour ne sombrer ni dans l’idéologisme, ni dans le mélonisme ? 

- Je m’adonne quotidiennement au tri sélectif de mes pensées. Déjà rire. Fort et beaucoup. Surtout de soi-même. Réfléchir, rêver. Se laisser pousser les idées, les entretenir. S’émerveiller nom de Dieu ! Et bien sûr, rester curieux, gourmand de l’altérité. Être solitaire oui, faire appel à son intériorité, oui, ne pas se confronter au monde, non. Surtout pas.  

- Sans vous faire offense, je doute que vous puissiez vous déplacer au cinéma, dans les salles de concerts ou les librairies… Comment faites-vous pour vous cultiver ? 


- Je ne peux plus lire depuis que mes bras sont devenus des branches c’est vrai… Alors… je me souviens de mes livres préférés et… je regarde le ciel. 

- Votre nouvelle maison… 

- Oui… j’aime toutes sortes de ciels, les bien bleus desquels se détachent les nuages par exemple… J’aime les voir se transformer en toutes sortes de monstres cotonneux. J’aime les plafonds bas qui me rappellent mon enfance en Écosse, et, je dois le reconnaître, je traque les couchers de soleil avec l’excitation romantique d’une jeune fille en fleur. 

- Pensez-vous être capable de tomber amoureux une nouvelle fois ? 

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En coulisses avec Mathias Malzieu

Par Mathias Malzieu

Je suis un raconteur d’histoires avec une passion équilatérale pour la littérature, la musique et le cinéma. Tous les terrains de jeu de l’enfant intérieur ! J’aime les décloisonner et c’est exactement pourquoi l’initiative de Kessel me parle tant: developer les liens entre mes livres, chansons et films, documenter les coulisses de création façon making-off littéraire. Un conte dans le conte, la plus petite poupée de la matriochka.