Conte-rendu !
J’ai retrouvé un carnet de tournée datant de l’époque de Monsters in love où je notais ceci : “Donner un concert de Dionysos, le donner vraiment, c’est faire du hula-hoop nu avec un cerceau couvert de fil barbelé.”
J’avais 18 ans de moins qu’aujourd’hui, une moelle osseuse d’origine et déjà les médecins me chantaient le même refrain :
- La performance sportive que vous donnez équivaut à un semi-marathon chaque soir. Sauf que vous n’êtes pas un sportif de haut niveau. Vous avez un cœur en bonne santé et une excellente tonicité mais le reste est à la traîne. Manque de souplesse, fragilité des tissus ligamentaires… Nonobstant votre alimentation d’enfant de cinq ans et vos insomnies chroniques* inévitablement, vous vous blessez…
Alors, je me suis blessé. Beaucoup et souvent. Ai consommé de l’ostéopathie jusqu’à plus soif, du strapping de mollet, de l’eau d’hépar goût huile magnésiumique entre autres cures de corticoïdes le jour et somnifères la nuit.
En prenant de l’âge, j’ai été contraint de parler le moins possible pour épargner ma voix les “jours de match” et de rester en retrait des festivités d’après-concert. (J’en ai fabuleusement profité plus jeune, je dois le reconnaître…)
Mais au creux des ombres, nous dérobions le feu. Un certain feu de joie pure et simple. Électrique, portée par une haute fréquence de rêverie bien connectée au réel. La scène est la cristallisation d’un songe, un bain très révélateur de l’ici et maintenant. On y exulte, on s’y essouffle, on y souffre, on y sourit, on s’y émeut, on y pleure, on s’y transforme (parfois même en plus-que-soi-même). On y ultra vit !
Cela reste quoi qu’il advienne, un privilège extraordinaire.
Lorsque Rico tape sur sa caisse claire, que Mike fait éructer sa guitare, le dragon dont je vous parlais la semaine dernière (celui qui crache du feu et se crame les ailes avec) se met en marche.
Et j’aime ça.
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